Hier soir, des terroristes ont décidé de s'attaquer à notre Capitale en s'en prenant plus particulièrement à sa vie nocturne jeunes, riche de diversité, de mixité et de mélange. En prenant pour cible une salle de concert, des cafés, des restaurants, un stade de foot c'est tout un mode de vie une certaine conception du commun qui est visé. La réaction des parisiens a été impressionnante de solidarité. Et au cœur de la nuit même tout un réseau de solidarité s’est mis en place.
Même si nous sommes tous frappés, d’effroi, d’horreur et de stupeur, le pire serait que toute vie nocturne s’arrête brutalement. Cela signifierait à nos adversaires que leur terreur est en train de gagner.
samedi 14 novembre 2015
lundi 28 septembre 2015
Tribune parue dans l'Humanité du 28 septembre.
C’est
enfin le moment attendu. Trois ans après l’élection de François Hollande, le
parlement discute enfin de la loi de création architecture et patrimoine. L’enjeu
est de taille. L’attente est forte dans un contexte où nombre de festivals ont
du mal à boucler leur programmation ou disparaissent, que l’alternance politique
lors des dernières municipales a vu bon nombre de municipalités de droite (mais
aussi certaines de gauche) baisser leur budget culture, que les artistes sont
régulièrement victimes de censure ou d’attaques par des bigots ou des censeurs
de tout poil. L’Assemblée Nationale entame lundi le débat sur la loi sur la
création artistique et sur le patrimoine. Si cette loi est pour l’instant
déséquilibrée entre sa partie sur la création et celle sur le patrimoine qui
représente plus des 2/3 des articles, le parlement va devoir faire un important
travail d’amendement s’il veut que le résultat soit à la hauteur des besoins et
des attentes.
En
premier, cette loi devrait être aussi comporter un volet de programmation budgétaire.
C’est d’ailleurs ce qui avait été demandé par le monde de la culture quand
François Hollande avait intégré cette idée de la loi sur la création dans ses
60 propositions en 2012. Il est anormal que la part de la richesse consacrée à
la culture dans le budget national soit si faible. Et l’abandon, il y a un an,
de la taxe sur les tablettes dite taxe Lescure qui aurait pu permettre de faire
contribuer les géants du net au financement de la création, est venue rappeler
que ce gouvernement ne souhaitait pas changer cet état de fait. Il fut un temps
où la gauche réclamait 1% du budget de l’Etat pour la culture. On en est loin
aujourd’hui. Manuel Valls a déclaré récemment que la baisse du budget de la
culture durant les deux premières années du quinquennat avait été une erreur. C’est
bien. Mais aujourd’hui des festivals disparaissent faute de financement. Il
faut donc agir plus fort. Et prévoir une loi de programmation pour la culture
au même titre qu’il y en a une pour l’armée.
L’autre
urgence est celle de la diversité et de la parité. Selon l’étude de la SACD « Où sont les femmes », pour la saison 2015/2016, les femmes ne
représenteront que 26% des auteurs joués dans nos théâtres et salles
subventionnés, 26% des metteurs en scènes et 4% (sic) des chefs d’orchestres.
Et ne parlons pas de la diversité qui, même s’il n’y a pas de statistiques, est
absente des plateaux de théâtre, et des écrans de cinéma. C’est pourtant un
enjeu démocratique fondamental si l’on veut que la culture demeure un facteur
d’émancipation, et que sa pratique professionnelle ne soit pas l’apanage d’une
élite de mâles blancs.
Enfin
cette discussion parlementaire pourrait être l’occasion de retisser des liens
entre les pratiques professionnelles et amateurs. Au delà des débats, certes
fondamentaux sur le statut et la présomption de salariat, il est temps que dans
un pays qui a été précurseur en matière d’éducation populaire, et qui a inventé
la fête de la musique que les politiques publiques en matière de culture
intègrent les pratiques amateurs en leur sein.
Lorsque,
dans le dernier film documentaire de Yves Jeuland, « Un temps de
président », François Hollande donne des conseils à Fleur Pellerin qui
vient d’être nommée ministre de la culture, par « Va au spectacle tous les
soirs, il faut que tu te tapes ça, et tu dis que 'c’est bien', que 'c’est
beau' », il ne comprend pas que les artistes n’ont pas seulement besoin qu’on
vienne voir leurs oeuvres pour en dire du bien, ils ont besoin d’être soutenus.
La culture
doit redevenir une priorité des politiques publiques. La gauche se doit de
mener cette bataille pour garder une dimension subversive et un rôle social à
l'Art et ne jamais oublier que la culture est avant tout un élément producteur
de commun.
lundi 18 mai 2015
Des paroles aux actes : Manuel Valls doit augmenter le budget du ministère de la Culture
Manuel Valls a déclaré ce week-end que la baisse du budget du ministère de la Culture durant les deux premières années du quinquennat de François Hollande avait été une erreur. Rappelons-nous qu'a l'époque le ministère de la Culture avait vu baisser ses crédits de 6% en 2 ans, fait sans précèdent de toute l'histoire de la cinquième République. Rappelons-nous aussi que si d'autres ministères avaient dû se serrer la ceinture, la Culture était celui dont les crédits avaient été le plus fortement rabotés.
Mais prenons au mot Manuel Valls et considérons que sa déclaration cannoise comme un éclair de lucidité. Et disons lui : chiche !
Avec lui faisons un souhait. Celui que gauche au pouvoir tienne enfin l'engagement de campagne de François Hollande qui était de "sanctuariser les crédits de la culture", ce qui demande maintenant qu'on augmente les budgets consacrés à la culture dès 2016 et pas simplement qu'on arrête de baisser ses crédits. Que les collectivités territoriales, qui financent la culture à hauteur de 2/3 des crédits, voient se desserrer l'étau de la baisse de dotation. Que l'éducation artistique et culturelle bénéficie enfin de vrais crédits pour se développer. Que l'annulation des festivals s'arrêtent. Etc.
Rappelons que ce financement public, même si certaines clefs de répartition mériteraient d'être revues, est un investissement pour l'avenir. Car la culture est créatrice de lien social, d'émancipation. Une société peu cultivée c'est une société du repli sur soit de la haine l'autre. Ce n'est pas un hasard si les artistes sont les premières victimes des réactionnaires. D'ailleurs la semaine dernière, au Blanc-Mesnil, le maire a annulé le spectacle de Grand Corps Malade parce que ce dernier avait invité un artiste qui ne lui revenait pas. N'oublions pas que l'exception culturelle est régulièrement attaquée par des multinationales nord-americaines (Amazon, Google, Apple...) qui cherchent à maximiser leurs profits sur le dos de la création artistique. Bref rappelons que les artistes ont besoin d'être soutenu dans ce pays autrement que par des mots.
Or pour l'instant le seul ministère qui ait vu son budget augmenté pour les prochaines années est celui de l'arméé. Je ne doute pas de l'importance de la défense du territoire. Mais il serait temps aussi que la culture redevienne une priorité pour la gauche au pouvoir.
vendredi 6 février 2015
La culture est un combat et c’est le nôtre.
Renouer, reprendre langue,
refonder… Ces mots n’ont cessé de revenir ces dernières décennies quant aux
politiques culturelles en France. Nous avions nous-mêmes porté cette ambition
haut et fort pour maintenir l’investissement dans la culture et dans le débat
public avant l’élection présidentielle, ambition que le candidat Hollande
endossa lui-même en janvier 2012 : « La crise ne rend pas la culture moins
nécessaire, elle la rend plus indispensable. La culture, ce n’est pas un luxe
dont, en période de disette, il faudrait se débarrasser. La culture c’est
l’avenir, c’est le redressement, c’est l’instrument de l’émancipation et le
moyen de faire une société pour tous. »
Au-delà des mots et des discours
officiels, trois ans après le début du quinquennat, malgré des tentatives
initiées par la Ministre de la Culture, ces promesses n’ont pas été tenues
faute d’arbitrages budgétaires perdus et d’une mauvaise réforme de
l’intermittence. La vie culturelle en
France recule si vite, en laissant tant
de projets et de territoires étouffer, quand ils ne meurent pas, que cela
devient petit à petit irréparable.
Ce fossé traverse la société, la
culture n’en est pas en soi la cause exclusive pourtant elle y participe. Alors
que la fraternité réapparaît au grand jour des valeurs à réaffirmer, les
pratiques culturelles sont devenues plus clivantes et sans doute plus
discriminantes qu’elles ne l’étaient auparavant suivant les catégories
sociales, professionnelles, suivant là où nous vivons et l’âge que nous avons.
Sans doute que le gouvernement n’a pas pris la mesure du fossé qui s’est creusé
depuis des années, il n’a assurément pas pris la mesure de l’ambition qui
animait le socialisme.
A cela s’est ajouté la tentative
de réduire la culture au silence dans des pays dits démocratiques, jusqu’en
Europe, de la Russie à la Hongrie, où l’on attaque directement ou indirectement
la presse, les intellectuels puis les lieux d’art et de culture. En France
c’est la pression régulière de groupes intégristes qui veulent interdire la
tenue de spectacles. C’est aussi des dessinateurs et des caricaturistes qu’on
assassine…
La censure doit être une
préoccupation de tous les temps et le nôtre y est confronté. Nous savons ainsi
que lorsque le FN prend la tête d’une collectivité, ses premiers combats sont
culturels allant des suppressions de subventions aux associations, aux livres
et journaux interdits ou imposés dans les bibliothèques en passant par les rues
débaptisées ou la volonté de fermer des théâtres. Et cette tentation gagne la
droite qui sous la pression du Printemps français demande à retirer des livres
pour enfants des bibliothèques, des films ou des spectacles qui dérangent leur
vision archaïque de la société ou même interdire des festivals de musique
métal…
Plus insidieusement, on voit
aussi depuis les élections municipales, des politiques s’ingérer dans les
programmations et au nom du « populaire » mettre en péril toute ambition
créatrice, novatrice, émancipatrice... La gauche doit donc rappeler avec force
que le rôle du politique est de soutenir les créateurs sans les soumettre à sa
dictée, de faciliter les rencontres des citoyens avec les œuvres et les
pratiques culturelles sans vouloir les contrôler, de favoriser la découverte
d’univers inconnus sans craindre l’altérité, la diversité et la nouveauté.
Et bien sûr il faut « tenir bon »
! Tenir bon face aux stratégies de la peur, tenir bon face aux populismes, tenir
bon et donc ne pas s’autocensurer !
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