lundi 18 mai 2015

Des paroles aux actes : Manuel Valls doit augmenter le budget du ministère de la Culture


Manuel Valls a déclaré ce week-end que la baisse du budget du ministère de la Culture durant les deux premières années du quinquennat de François Hollande avait été une erreur. Rappelons-nous qu'a l'époque le ministère de la Culture avait vu baisser ses crédits de 6% en 2 ans, fait sans précèdent de toute l'histoire de la cinquième République. Rappelons-nous aussi que si d'autres ministères avaient dû se serrer la ceinture, la Culture était celui dont les crédits avaient été le plus fortement rabotés.

Mais prenons au mot Manuel Valls et considérons que sa déclaration cannoise comme un éclair de lucidité. Et disons lui : chiche !

Avec lui faisons un souhait. Celui que gauche au pouvoir tienne enfin l'engagement de campagne de François Hollande qui était de "sanctuariser les crédits de la culture", ce qui demande maintenant qu'on augmente les budgets consacrés à la culture dès 2016 et pas simplement qu'on arrête de baisser ses crédits. Que les collectivités territoriales, qui financent la culture à hauteur de 2/3 des crédits, voient se desserrer l'étau de la baisse de dotation. Que l'éducation artistique et culturelle bénéficie enfin de vrais crédits pour se développer. Que l'annulation des festivals s'arrêtent. Etc.

Rappelons que ce financement public, même si certaines clefs de répartition mériteraient d'être revues, est un investissement pour l'avenir. Car la culture est créatrice de lien social, d'émancipation. Une société peu cultivée c'est une société du repli sur soit de la haine l'autre. Ce n'est pas un hasard si les artistes sont les premières victimes des réactionnaires. D'ailleurs la semaine dernière, au Blanc-Mesnil, le maire a annulé le spectacle de Grand Corps Malade parce que ce dernier avait invité un artiste qui ne lui revenait pas. N'oublions pas que l'exception culturelle est régulièrement attaquée par des multinationales nord-americaines (Amazon, Google, Apple...) qui cherchent à maximiser leurs profits sur le dos de la création artistique. Bref rappelons que les artistes ont besoin d'être soutenu dans ce pays autrement que par des mots. 

Or pour l'instant le seul ministère qui ait vu son budget augmenté pour les prochaines années est celui de l'arméé. Je ne doute pas de l'importance de la défense du territoire. Mais il serait temps aussi que la culture redevienne une priorité pour la gauche au pouvoir. 

vendredi 6 février 2015

La culture est un combat et c’est le nôtre.




Renouer, reprendre langue, refonder… Ces mots n’ont cessé de revenir ces dernières décennies quant aux politiques culturelles en France. Nous avions nous-mêmes porté cette ambition haut et fort pour maintenir l’investissement dans la culture et dans le débat public avant l’élection présidentielle, ambition que le candidat Hollande endossa lui-même en janvier 2012 : « La crise ne rend pas la culture moins nécessaire, elle la rend plus indispensable. La culture, ce n’est pas un luxe dont, en période de disette, il faudrait se débarrasser. La culture c’est l’avenir, c’est le redressement, c’est l’instrument de l’émancipation et le moyen de faire une société pour tous. »

Au-delà des mots et des discours officiels, trois ans après le début du quinquennat, malgré des tentatives initiées par la Ministre de la Culture, ces promesses n’ont pas été tenues faute d’arbitrages budgétaires perdus et d’une mauvaise réforme de l’intermittence. La vie culturelle en France recule  si vite, en laissant tant de projets et de territoires étouffer, quand ils ne meurent pas, que cela devient petit à petit irréparable.
Ce fossé traverse la société, la culture n’en est pas en soi la cause exclusive pourtant elle y participe. Alors que la fraternité réapparaît au grand jour des valeurs à réaffirmer, les pratiques culturelles sont devenues plus clivantes et sans doute plus discriminantes qu’elles ne l’étaient auparavant suivant les catégories sociales, professionnelles, suivant là où nous vivons et l’âge que nous avons. Sans doute que le gouvernement n’a pas pris la mesure du fossé qui s’est creusé depuis des années, il n’a assurément pas pris la mesure de l’ambition qui animait le socialisme.
A cela s’est ajouté la tentative de réduire la culture au silence dans des pays dits démocratiques, jusqu’en Europe, de la Russie à la Hongrie, où l’on attaque directement ou indirectement la presse, les intellectuels puis les lieux d’art et de culture. En France c’est la pression régulière de groupes intégristes qui veulent interdire la tenue de spectacles. C’est aussi des dessinateurs et des caricaturistes qu’on assassine…
La censure doit être une préoccupation de tous les temps et le nôtre y est confronté. Nous savons ainsi que lorsque le FN prend la tête d’une collectivité, ses premiers combats sont culturels allant des suppressions de subventions aux associations, aux livres et journaux interdits ou imposés dans les bibliothèques en passant par les rues débaptisées ou la volonté de fermer des théâtres. Et cette tentation gagne la droite qui sous la pression du Printemps français demande à retirer des livres pour enfants des bibliothèques, des films ou des spectacles qui dérangent leur vision archaïque de la société ou même interdire des festivals de musique métal…
Plus insidieusement, on voit aussi depuis les élections municipales, des politiques s’ingérer dans les programmations et au nom du « populaire » mettre en péril toute ambition créatrice, novatrice, émancipatrice... La gauche doit donc rappeler avec force que le rôle du politique est de soutenir les créateurs sans les soumettre à sa dictée, de faciliter les rencontres des citoyens avec les œuvres et les pratiques culturelles sans vouloir les contrôler, de favoriser la découverte d’univers inconnus sans craindre l’altérité, la diversité et la nouveauté.
Et bien sûr il faut « tenir bon » ! Tenir bon face aux stratégies de la peur, tenir bon face aux populismes, tenir bon et donc ne pas s’autocensurer ! 

dimanche 9 novembre 2014

Culture : Inventer un nouveau modèle.


« La crise ne rend pas la culture moins nécessaire, elle la rend plus indispensable »

Cette phrase, prononcée par François Hollande en janvier2012 à Nantes est un peu notre discours du Bourget à nous,le monde de la culture. Une sorte d’antienne qu’on se répète, que l'on écrit sur des banderoles pour rappeler des promesses de campagne

Mais, la gauche au pouvoir a eu du mal à porter un projet culturel ambitieux (baisse du budget, intermittence..)

Il ne s’agit pas ici de pousser plus loin la critique mais plutôt de se dire ce que le PS devrait porter comme valeur et comme projet culturel.

Face à une marchandisation toujours plus grande de ce « secteur d’activité », de cette « filière économique » qui n’a plus à faire ses preuves de son potentiel de rentabilité, il faut inverser l’échelle des valeurs. Affirmer que l’art et la culture pour nous ce n’est pas qu’un objet destiner à la distraction pour tous mais qu’elle a un rôle social, émancipateur en produisant un espace de partage, de création, de critique, voir subversion entre les être humains. C’est pour répondre à ces attentes, qu’ontpatiemment été construit, dans ce domaine, des politiquesd’interventions qui reposent sur trois principesunfinancement public, des mécanismes de régulation du marché et des outils de partage de la valeur.

C’est fort de ces principes qu’il nous faut inventer un nouveau modèle pour les politiques culturelles. Trois idéespour cela

1- On ne pourra rien faire s’il n’y a pas de réinvestissementfinancier mais aussi de sens de la puissance publique en matière de culture dans notre société.

2- Il faut changer la manière d’agir. Le débat n’est plus la centralité ou le contrôle de l’Etat mais sa capacitéd’impulser et de dynamiser l’intervention publique. Pour cela, les politiques culturelles doivent maintenant être co-construite avec les artistes, les porteurs de projets, l’Etat, les collectivités territoriales mais aussi les publics.

3- Il faut repartir autrement la valeur  dans la filière culturelle qui concentre à elle seule 3,2% de notre PIB. En modifiant les clefs de répartition de l’argent publi(prioritéà l’emploi et l’éducation artistique, à la transmission…), en mettant en place des mécanismes de protection, de régulation, de redistribution qui en finirait avec la prédation économique donc est victime la culture, notamment de la part des multinationales nord-américaines.

Le fait culturel et la place que les arts et la culture tiennent dans notre société ne sont pas innés, mais acquisIls sont le fruit de luttes sociales et de victoires électoralesLe PS doit continuer cette bataille culturelle et cette bataille pour la culture.

samedi 25 octobre 2014

"La réforme au service de la transformation sociale " texte paru dans l'Humanité du 22 octobre


Le point de départ de la crise de la politique est d’abord une conséquence de la crise la crise économique. Crise du système économique qui commence avant 2008 et la crise des « subprimes », mais la crise de la politique est liée à la réponse apportée par la gauche sur un temps court. C’est le sentiment que la gauche n’est pas capable de juguler cette crise et  de faire face à un système économique qui est basé sur l’objectif de la captation du profit pour le plus petit nombre. On se retrouve alors face à : « Il n’y a pas d’alternative ». Le deuxième élément est constitué de la crise de la représentation et des partis politiques. C’est une crise institutionnelle. Il faut que nous réfléchissions à gauche par rapport à ces institutions de la Ve République. Construites par la droite pour garantir un régime stable, ce qui est une qualité, ces institutions ont toutefois enfermé la gauche dans une certaine ossification, une difficulté faire vivre de débat démocratique lorsque nous exerçons le pouvoir. Cela a aussi déteint dans le fonctionnement des partis politiques, leur rapport à la population et leur capacité à agir. Les socialistes sont bien sur concernés mais aussi tous les partis politiques de gauche qui ont participé aux expériences gouvernementales. Plutôt que d’avoir une discussion sur la pertinence des politiques menés on se retranche aujourd’hui derrière des institutions qui certes donnent de la stabilité, mais qui empêche le débat de fond d’avoir lieu. Le troisième aspect est que nous sommes dans une crise de confiance par rapport à la gauche. Il y a l’impression que le clivage droite-gauche n’existe plus même si dans la société, du point de vue de la défense des intérêts et de la façon que les gens ont de réagir à certains sujets politiques, ce clivage n’a pas vraiment disparu. Suivant ce triple enjeu, il faut retrouver de la confiance. Cela passe par d’abord par tenir ses engagements. Il faut ensuite réfléchir à un nouveau projet institutionnel. Ce n’est pas simplement le débat sur la VIe République mais il y a lieu de réfléchir sur la manière dont les forces politiques s’emparent du pouvoir, des allers et retours à instituer avec la population et les citoyens, leur représentation tel le débat à l’assemblée nationale. Enfin, il y a un cheminement commun à organiser à gauche. Cela doit se faire grâce à la réalisation d’expérience commune. La gauche politique doit continuer à formuler des pensées et des pratiques visant à changer et à transformer la société. Sinon elle sera durablement marginalisée. Je prends l’exemple de la municipalité parisienne où socialistes, communistes et écologistes forment ensemble une dynamique politique. De la même manière, celui des combats politiques de gauche face à la mondialisation à l’exemple de la défense de l’exception culturelle et sur TAFTA, il faut remettre la réforme au service de la transformation sociale.