vendredi 29 mars 2013

"L'avenir ? Une vrai collaboration entre l'Etat et les collecivités"

Interview dans la revue La Scène de mars-mai 2013

La Scène :    
Les contraintes budgétaires pèsent beaucoup sur le secteur culturel Sentez-vous une impatience ou une déception chez les acteurs culturels a l'égard du gouvernement ?

Fréderic Hocquard :
Une déception non. Je parlerais plutôt d’une inquiétude ou d'inquiétudes Nous avons tous conscience que nous sommes entres dans une phase économique difficile et de longue durée. Mais je ne sens pas de révolte chez les acteurs culturels plutôt l’acceptation d’une situation. Par contre si la baisse de crédits se prolongeait elle aurait des conséquences plus importantes. Les budgets de certaines institutions comme l'Opéra de Paris ont été réduits, mais cela ne sera pas possible chaque année sans conséquences. La ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti a eu le courage de prendre des décisions fortes, mettant un terme à certains projets mal engagés ou posant des problèmes politiques depuis leur origine.

Le régime de l'intermittence se retrouve à nouveau au cœur des débats en commission, au Parlement. Le gouvernement est-il suffisamment uni sur cette question ?
Nous avons eu un nouveau rapport de la Cour des comptes, avec encore une fois des chiffres avancés, tout aussi contestés que contestable. Aurélie Filippetti travaille à la défense de ce statut auprès de l‘Assemblée avec en face d'elle des députes favorables au statut actuel. Rappelons que le secteur culturel, à travers son organisation, est particulièrement dynamique en matière d’emploi. II est faux de dire que le régime de I intermittence plombe les comptes de l'Unedic. Mais des questions demeurent. On a vu se croiser les courbes des artistes et des techniciens ces derniers étant plus nombreux aujourd’hui à être ayants droit. On constate aussi un vieillissement de la population intermittente et par la même une vraie difficulté pour les jeunes artistes pour entrer dans la profession et y demeurer de manière pérenne.

François Hollande avait annonce le retour d'un Etat fort et impartial lors de la campagne présidentielle Ce souhait prend-il forme dans le champ culturel
Aurélie Filippetti a mis un terme aux situations ubuesques qui ont présidé aux nominations sous l’ancien gouvernement. Elle a réaffirmé la nécessite d’une transparence, de l’association des collectivités locales dans les choix qui sont faits. Je n ai absolument rien contre lui, mais rappelons-nous de quelle façon Olivier Py a été nomme à la direction du Festival d'Avignon contre l’avis de la Région PACA, contre celui du conseil général du Vaucluse.

Comment s'exprime cette nouvelle façon de gérer la difficile question des nominations ?
Une délibération parlementaire a été proposée par le députe Patrick Bloche sur la question des nominations posant les bases d'un nouveau système, avec un appel a candidatures effectif une vraie transparence dans la définition des short-lists II y a la un vrai volontarisme de l’Etat. On est bien loin de Frederic Mitterrand posant dans son lit avec sa fameuse «liste de courses ».

Avec un gouvernent à gauche, mais aussi de très nombreuses collectivités gérées par la majorité présidentielle, les acteurs culturels tirent-ils profit de cette situation politique ?
II n’y a pas encore eu d’annonce concernant la loi sur la décentralisation. Pourtant elle sera fondamentale. Elle devra aborder la question de la mise en place d’une coopération véritable avec les collectivités locales. Ce n’est pas parce que la couleur politique est la même, que les politiques sont partagées avec les autres. Le grand sujet d’avenir pour les politiques culturelles c'est la mise en place de ces coopérations. Elles ont pu être expérimentées de différentes manières et cela fonctionne. Au travers des schémas d'enseignement artistique, au travers des dialogues engages lors de la gestion d’EPCC, à travers nombre de projets relevant de l’éducation artistique et culturelle. Cela demandera encore des efforts a tout le monde, mais nous avons là, la grande question touchant à l’organisation des politiques publiques, d’autant que l’intervention des pouvoirs publiques dans le champ culturel s'élève quand même chaque année à 15 milliards d’euros cumulés. Tous les autres secteurs de la vie publique fonctionnent comme cela, avec ces instances de concertation le logement, la sante, l’éducation…

PROPOS RECUEILLIS PAR CYRILLE PLANSON

1 commentaire:

  1. Sans oublier le 3e partenaire cher Frédéric...

    Je crois qu'il faut aujourd'hui inventer la relation entre l'Etat, les collectivités et le tiers secteur.

    Les initiatives qui viennent du terrain sont le point de jonction des différents acteurs des politiques culturelles.

    Amicalement,

    David Langlois-Mallet
    Un Peuple Créatif

    http://affiniterre.com/

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